Il faut conjurer le sort .... Et c'est quasiment avec le même équipage (3 sur 5) qui a perdu son mât que nous nous représentons sur la ligne.
Le samedi, la météo donnait 15 noeuds de vent ... ça devrait le faire.

Dimanche matin, petit brieffing : changement de la procédure avec un signal d'avertissement à H-8; Tiens la météo donne 5/6 le matin et 6/7 dans la journée...
Le bateau est à l'eau, merci Didier !. On grée le minimum et on part sous génois et GV haute. A la sortie du port déjà, on sent bien que ce ne sera pas 15 noeuds ...
Qu'importe, on finit de gréer le bateau en chemin. Je discute avec notre nouvelle recrue bésilienne : il va falloir qu'on s'adapte. Le spi, c'est le "balloon", empanner devient "jibber", bref un savant mélange footbolistico-anglican pour remplacer les termes "bien de chez nous" (même si j'ai apris il y a peu que "babord" et "tribord" sont d'origine viking ...mais c'est une autre histoire, merci "Des racines et des ailes").
En chemin le vent monte. Jeff, tu peux passer à l'inter ? Et puis reprendre 10 tours sur l'étai ? Quoi, t'a pas encore fini de mettre le tangon ?
Le vent monte encore, le spectre de la journée noire du démâtage profile son ombre ... Heureusement que nous avons St Patrick et St Nicolas en pourfendeurs du malin et autre chat noir ...
On arrive sur zone. On essaye quelque bords de prés. Il faut qu'on trouve nos marques dans les virements : mais qu'est ce qu'il fout le barreur? Ah, il s'est encore cassé la gueule : allez essaye les cales pieds !
On essaye le pépin ? Heuh, je ne le sens pas trop, l'équipage est encore un peu jeune et mon anglo-brésilien a du mal à expliquer brasser, débrasser, choquer, border ...
On verra si on l'envoie ou pas. Allez, c'est l'heure de se pointer sur la ligne! On redescend sur le bateau comité (tiens le photographe est encore là ...).

Première manche :
Paf, c'est parti pour les 8 minutes. Ca va vite sur la ligne car il y a de l'air. Beaucoup de monde veut le bateau ... et si on s'écartait un peu ? En plus, on est un peu tôt... La meute revient et on se retrouve dessous. Bref, départ très moyen. On s'accroche au près avec un bon cap/vitesse. Les manoeuvres ne passent pas trop bien car le barreur n'arrète pas de se vautrer à chaque virement ... et je ne parle pas des relances où l'on fait la bascule 2 ou 3 fois... On arrive quand même à accrocher le peloton même si Altemat nous a déjà mis un "vent".
Comme on est au contact, on ne se dégonfle pas (c'est le cas de le dire) et on envoit le "balloon"... on trouve à peine nos marques que c'est déjà l'empannage qui se passe plutôt bien. C'est le petit train à la bouée sous le vent. On affale ... et le spi s'accroche sur un mousqueton cassé de l'inter (balafre de 15 cm ... soit disant). Bref, plus de spi. 2ème tour au près avec les mêmes problèmes. Toujours au contact à la bouée au vent.... Mais, au revoir les copains dans le derniers bord car nous n'avons pas de "balloon"... On finit sans pression et sans motivation la manche, on profite du soleil et de la mer (c'est déjà pas si mal pour un mois de mars).

Deuxième manche :
Ca monte encore. Jeff, tu peux faire 5 tours de plus sur l'étai (je voudrai pas que ça tombe)? C'est reparti au près plutôt bien puisqu'on doit être 5ème à la bouée au vent. Dans la descente, on se fait ratrapper sans pouvoir rien faire par ceux qui ont un spi eux (et pas un "balloon")... Arrive la bouée sous le vent : on est à l'extérieur avec 4 bateaux engagés et un zodiac du comité qui ne veut pas bouger devant nous ... on joue la prudence (donc on laisse passer tout le monde ... ). Difficile de se battre dans ces conditions .. mais le vent monte encore. 2ème bord de portant et les spi explosent de tous les cotés . Oh, un qui explose à droite ! et un qui chalute à gauche ! et le troisième qui finit la manche avec le spi encore en haut du mât !... Bref, on finit premiers du groupe de bateau sans spi (sans mérite puisque certains ont pris un ris ...).

Troisième manche :
Le vent semble mollir un instant. Les plus "couillus" passent sous génois. Nous, on préfère la politique du "De toutes façons, ça va revenir ...". Tout le monde veut encore une fois le bateau. Nous, on est un peu tôt et un peu obligés d'aller sur la bouée. Dans la dernière minute, grosse rotation à gauche : on a du mal à passer la ligne tribord. Dès qu'on peut ,on vire et forcément on est super bien placés. Mais, sous inter, est ce que ça va le faire ? Heureusement, de grosses claques balayent le plan d'eau... et puis on commence à retrouver nos repères et on arrive enfin à faire des bords de près et des virements corrects. Encore une bonne place à la bouée au vent. Au portant, on essaye de ne pas trop perdre sur la meute en allant chercher les risées. C'est plutôt payant. Mais peut on vraiment lutter malgré une tactique infaillible ?

On passe la ligne avec le mât toujours en érection sur le pont ... Ouf, plus qu'à rentrer. Allez on sort le sandwich (snif, pas de rouge ...) et on met le cap sur Palavas. En chemin on perd un pare-battage ... alors on essaye de le récupérer. C'est Nico qui attrape le pompon ... mais prend une douche.

Bilan 11 / 7 / 9 sur 13 Surprises, un spi entier, un mât sur le pont et une bonne journée de nav dans des conditions hivernales sous le soleil. Pas si mal pour un équipage nouveau et un barreur qui n'arrète pas de se casser la gueule.

Fred le conteur

Manche N°1 du Challenge de Printemps - 6 mars 2005

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